Les élections professionnelles à la CNP, qui se sont déroulées le 8 novembre, font apparaître une progression significative de la CGT.

Aux élections de délégués du personnel, la CGT progresse de près de 3 points, à 23,9% contre 21% aux précédentes élections en 2000. La CGT occupe la 2ème place, talonnant la CFDT qui obtient 25% des voix. En revanche, elle passe devant FO, qui était second aux précédentes élections. Si la C.G.T. est largement en tête dans le collège employés avec 35,6% des voix, elle obtient tout de même 18,9% dans le 2ème collège (maîtrise et cadres), occupant également la 2ème place devant FO et l’alliance CFDT-CGC.

La progression de la CGT dans l’élection au Comité d’Entreprise est particulièrement spectaculaire, même si son score est inférieur. Avec 19,4%, la CGT progresse de près de 5 points par rapport à 2000. La CGT reste néanmoins en 3ème position, FO ayant également progressé à cette élection. En revanche, la chute de la CFDT qui reste néanmoins première organisation, est spectaculaire : elle perd 7 points ! Comme pour les élections de DP, la CGT est première dans le collège employés avec plus de 30% des voix. Dans le 2ème collège « agents de maîtrise », elle obtient 25% des suffrages. En revanche, son résultat est plus faible dans le collège encadrement (3ème collège) où elle obtient 9% des voix.

La CGT gagne au total 2 sièges : elle passe que 3 à 4 élus en DP, de 1 à 2 au CE.

Pour comprendre la portée de ce résultat, il faut connaître les particularités de la CNP et sa récente histoire sociale tumultueuse.
Filiale de la Caisse des dépôts, la CNP est la seule compagnie d’assurance publique. Mais depuis 1998, elle est cotée en bourse et a été à peu près totalement privatisée dans ses modes de gestion. A l’origine service de la Caisse des dépôts, une partie de son personnel est toujours fonctionnaire. Mais alors que les fonctionnaires représentaient encore 50% des effectifs lors du conflit de 1998, ils sont à présent moins de 30%.

La CNP a connu des luttes importantes, la plus marquante étant le conflit de janvier 1998 lié à l’entrée en bourse, d’une durée d’un mois avec occupation des locaux. La CGT avait été à la pointe de la lutte contre la privatisation, avec FO. En revanche, la CFDT et le syndicat autonome (UAI, adhérent à l’UNSA) étaient pour le moins nettement moins combatifs.

Pour les élections de DP, les fonctionnaires sont électeurs et éligibles. Ils ne peuvent en revanche voter pour les élections au CE.
Ces éléments sont importants pour comprendre la portée des résultats. Le syndicalisme CGT s’est construit sur une base de fonctionnaires des catégories B et C. Malgré les départs massifs de fonctionnaires, la C.G.T. continue à progresser. Elle améliore en outre notablement ses résultats au CE où les fonctionnaires ne votent pas. Ses résultats sont en nette progression dans les catégories d’encadrement, catégorie traditionnellement difficile pour la C.G.T. dans ce type de secteur. Ainsi au CE, malgré des résultats encore modestes, la CGT double son score sur le site parisien dans le 3ème collège. La CGT fait jeu égal avec FO avec qui elle avait plusieurs fois fait des listes communes, qui était traditionnellement mieux implanté chez les privés.

Ces élections traduisent donc un pas important dans le dépassement par la CGT d’une implantation essentiellement fonctionnaire et traduisent sa conquête progressive d’une audience forte chez les salariés de statut privé, qui est loin de se limiter aux employés.