Pauvreté : quand l’Insee détruit des clichés !

Une récente enquête de l’Insee vient de tordre le coup à une thèse très en vogue : les pauvres ne vivent pas là ou on le croyait jusqu’à maintenant. Pendant longtemps, et jusqu’à une date très récente, les français pauvres vivaient essentiellement, croyait-on, dans la France rurale, celle des petites villes et des zones pavillonnaires, volontiers décrites comme sans âme et tristes.

Cette France là, largement représentée par les « classes moyennes » était en grande difficulté, de plus en plus marginalisée et étranglée, matraquée par des impôts confiscatoires. Pratique, ça permettait d’opposer très facilement ces couches populaires et moyennes à celle des cités, souvent d’origine immigrée soupçonnée de vivre sous perfusion, justement grâce aux impôts et taxes payés par ceux-là même qui souffraient vraiment.

Intéressant, cela permettait aussi de réconcilier certains intellectuels, parfois de « gôche », avec ces couches populaires, sur le dos des quartiers, affublés pour l’occasion de tous les maux. L’Insee vient donc d’infirmer cette vision, fausse, dangereuse et populiste de la société, en livrant tout simplement les données en sa possession sur la répartition de la pauvreté, par type de territoire.

Les deux tiers des personnes pauvres vivent en réalité au cœur des grands pôles urbains. Le dernier tiers lui habite pour 17 % dans les communes dites péri-urbaines, 13,4 % dans les petites ou moyennes agglomérations et 5,4 % dans les communes isolées.

La France pauvre, si elle vit parfois au bord du périphérique n’a rien de périphérique. L’immense majorité des pauvres vit dans les grandes agglomérations, là où se concentrent les inégalités. Dans les centres-villes, le niveau de vie (maximum annuel) des 10 % les plus pauvres est de 4400 €, contre 8000 € dans la France périurbaine.

Cette étude est à contresens des thèses habituellement admises, les pendules sont remises à l’heure. Et si des dizaines de quartiers sont en très grande difficulté, la « France du périph » est loin d’être celle de ghettos, victimes d’un apartheid territorial, comme vient de le dire le Premier ministre. Mais, si les difficultés de la « France du pavillonnaire » n’ont rien à voir avec celles des quartiers, ce n’est pas pour autant que tout y aille pour le mieux. Ces catégories, à l’instar de celles des quartiers sont souvent également, mais différemment méprisées des élites intellectuelles : c’est la France « moche » de Télérama, celle de TF1, celle qui a deux voiture, une pelouse, qui fait ses courses chez Auchan le samedi et préfère le barbecue du dimanche aux expositions. Son standard de vie, tout comme celui de la « France des quartiers » est loin de celle des catégories aisées du cœur des villes (celles que l’on appelle maintenant classes moyennes supérieures).

Cette étude de l’Insee nous ouvre opportunément de nouveaux champs de réflexion. Ne faisons pas de ces habitants, souvent salariés, retraités, sans-emplois, immigrés, etc les parias de la France contemporaine. A ne pas les entendre, ni les écouter, à l’image de cette autre « France des quartiers », on les pousse dans des bras inhospitaliers.

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