Rachat de dette : la BCE a-t-elle trouvé l’arme décisive ?

La Banque centrale européenne a annoncé le 22 janvier dernier le lancement d’un vaste programme de rachat d’actifs, ce que les spécialistes appellent le « quantitative easing » (QE) ou « assouplissement quantitatif ». Cette méthode est déjà largement utilisée par les banques centrales des États-Unis, du Royaume-Uni et du Japon. Concrètement, elle va racheter tous les mois sur le marché 60 milliards d’euros de titres, essentiellement publics, au moins jusqu’en septembre 2016, ce qui représentera au total un apport de liquidités de 1140 milliards d’euros.

Que penser d’une telle initiative ?

Elle traduit d’abord l’affolement qui gagne les milieux financiers face à la menace de déflation qui pèse sur l’Europe, et conduit ainsi la BCE à s’affranchir quelque peu de ses dogmes et à prendre le risque d’en fâcher les gardiens allemands.

Sur le fond, si une intervention de la BCE était nécessaire, on peut douter de son efficacité compte tenu de la méthode employée et du fait que les blocages sont ailleurs qu’au niveau de la politique monétaire.

L’objectif de la BCE est de faire baisser les taux d’intérêt à long terme ainsi que le taux de change de l’euro afin de relancer l’investissement et la croissance, et d’inciter les banques à soutenir le mouvement en développant le crédit. Mais cet apport de liquidités n’est pas ciblé et ce sont les banques qui en décideront l’affectation. Le risque est donc grand que celles-ci ne privilégient la spéculation, plus rémunératrice, et que cette création monétaire n’alimente une nouvelle bulle financière. C’est précisément pour éviter cet écueil que la CGT propose que l’intervention de la BCE prenne la forme d’un refinancement sélectif, prenant en compte la destination des fonds apportés aux banques.

Il est d’ailleurs significatif que les prêts à long terme initiés par la BCE en juin 2014, qui étaient conditionnés à un accroissement des crédits aux entreprises et aux ménages, n’aient guère eu de succès, au point que la banque centrale vient de décider d’en abaisser le taux d’intérêt de 0,15 % à 0,05 %. Mais même avec de l’argent gratuit, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif !

En fait, le problème est moins l’offre de crédit que sa demande. Si les entreprises n’investissent pas, c’est qu’elles n’ont pas de demande de la part des consommateurs. Relancer l’activité économique passe d’abord par l’arrêt des politiques d’austérité et l’augmentation des salaires.

Sous cet angle, le rachat de titres publics par la BCE va dans le bon sens dans la mesure où cela allégera les contraintes que la dette fait peser sur les finances des États. Mais pourquoi passer par l’intermédiaire des banques si ce n’est pour leur permettre d’engranger des marges supplémentaires ? Les marchés ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et ont accueilli la décision de la BCE par une hausse des cours, notamment pour les valeurs bancaires. La BCE est décidément toujours au service des marchés financiers !

Il est plus que jamais nécessaire de la remettre au service des peuples, et sous leur contrôle, et de lui permettre en particulier de financer directement les investissements publics répondant aux besoins d’intérêt général.

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