Petits mensonges et grosses bêtises : Quand Bruno Le Maire parle de la dette publique

Le niveau de la dette publique figure parmi les sujets favoris du gouvernement. Dans une conférence nommée « Accélérer le désendettement de la France », Bruno Le Maire déclarait mi-juin vouloir « rétablir les finances publiques ». Dans cet article, nous rappelons pourquoi la dette publique n’est pas un problème en soi, et pourquoi cette attaque contre les arrêts maladie a toutes les chances de continuer à fragiliser les plus précaires.

Le problème n’est pas la dette, c’est ce que l’on en fait !

Le discours de Le Maire s’inscrit dans l’idée que la dette publique est trop importante en France. Pourtant, le problème des dépenses actuelles n’est pas leur montant, mais leur utilisation ! Chaque année, le premier poste de dépenses de l’État est constitué des 200 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises ! Or, celles-ci sont mal fléchées, non conditionnées, et avec pour seul objectif de servir le capital.

Dans la mesure où une partie de ces aides reposent sur des recettes dont l’État se prive (comme les exonérations de cotisation), le gouvernement creuse lui-même le déficit public chaque année. Ce déficit justifie tout un tas de coupes budgétaires, notamment dans les services publics et la protection sociale.

La hausse des arrêts maladie n’est pas une surprise… bien au contraire

Parmi les postes de dépenses, celui des arrêts maladie est clairement ciblé. En effet, les dépenses liées seraient en hausse de 30 % depuis dix ans. Mais cela est loin d’être étonnant, et même, cette tendance n’est pas près de s’inverser !

D’abord, rappelons que la France est la championne d’Europe en matière d’accidents du travail (cf. baromètre CGT 2023 p. 18) ! Nous comptons en effet deux fois plus d’accidents non mortels que la moyenne des pays européens. Ensuite, la France est aussi en tête du classement en matière d’intensité et de mauvaises conditions de travail. Là encore, cela est cohérent avec la hausse des arrêts.

Enfin, en repoussant l’âge légal de départ à la retraite, et puisqu’il n’y a rien pour véritablement prendre en compte la pénibilité au travail, la politique du gouvernement va mécaniquement conduire à une augmentation du nombre d’arrêts et de leur durée… soit exactement l’opposé de ce contre quoi Bruno Le Maire s’insurge !

La logique derrière cette attaque n’est autre que de poursuivre encore et toujours la casse de la protection sociale, pour sécuriser sans limite le capital.

Maé Geymon

Article à lire également dans la Lettre éco estivale - Juillet Août 2023

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